tronc d’arbre. En un moment ses coups marquèrent une cadence, que nous suivîmes inconsciemment de nos cris et de nos exclamations. Ce phénomène produisit sur nous l’effet d’un calmant et, oubliant notre courroux, nous modulâmes une palabre.
Ces chants monotones témoignent de façon surprenante la versatilité et l’insouciance des gens de la horde. Réunis par un même sentiment de colère et de besoin de nous grouper pour détruire notre ennemi commun, il avait suffi d’un rythme pour nous détourner de notre but. Ces assemblées où se mêlaient les chants et les rires satisfaisaient nos instincts grégaires et sociables. Somme toute, ces récitatifs grossiers étaient les précurseurs des palabres de l’homme primitif, des grandes conventions nationales et des congrès internationaux de nos contemporains. Même à cette époque reculée, l’homme ne possédait pas encore de langage et lorsque nous nous réunissions, babillant tous à la fois, nous produisions une véritable babel de sons d’où montait une cadence uniforme qui renfermait en elle seule les