et, par une nuit très froide, nous perchâmes au haut d’une aiguille de rocher qui ressemblait à un arbre.
Enfin, par un brûlant après-midi, mourant presque d’inanition, nous atteignîmes l’arête principale de la chaîne montagneuse. Du haut de cet observatoire, nous découvrîmes vers le Nord, au-delà des montagnes de plus en plus basses, un lac lointain sur lequel miroitait le soleil. Tout autour s’étendaient des prairies, tandis qu’à l’Est se profilait la ligne sombre d’une immense forêt.
Il nous fallut deux jours pour gagner le lac. Nous nous trouvions dans un état de faiblesse pitoyable, quand sur le rivage, couché à l’abri d’un buisson, nous surprîmes un jeune veau. Ne connaissant d’autre moyen de tuer un animal que de nos seules mains, nous eûmes bien du mal à en arriver à bout. Une fois rassasiés, nous transportâmes le reste de la viande à l’Est, dans la forêt, et la cachâmes sur un arbre. Cependant, nous ne retournâmes jamais vers ce garde-manger, car le cours d’eau qui sortait du lac grouillait de saumons remontant de la mer pour frayer.