Page:London - Avant Adam, 1974.djvu/147

Cette page n’a pas encore été corrigée

forces nous le traversâmes à l’endroit où non seulement il était le plus rapide, mais le plus étroit. Avant que de nous en douter, nous ramions dans une eau calme.

Nos troncs dérivèrent lentement et s’échouèrent enfin près de la rive. Oreille-Pendante et moi nous montâmes sur la berge. Nos arbres, emportés par le courant, continuèrent à descendre le fleuve. Nous nous regardâmes, l’air consterné. Nous venions d’aborder une terre étrangère, et l’idée ne se présenta point à notre esprit que nous pouvions retourner au marécage par le moyen dont nous nous étions servis pour le quitter.

Sans nous en rendre compte, nous avions appris à traverser un fleuve, prouesse qu’aucun membre de la horde n’avait accomplie jusque-là. Nous fûmes les premiers et, je crois, les derniers, à poser le pied sur la rive nord. Que les autres hommes y fussent parvenus dans l’avenir, cela me paraît incontestable, mais la migration du peuple du Feu, et celles des survivants de la horde, retarda notre évolution de plusieurs siècles.