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à ramasser des cailloux qui, de nouveau, sifflèrent autour de nous. Du centre du marécage sortait un petit courant, et dans notre émoi nous n’avions pas remarqué qu’il nous emportait vers le milieu du fleuve. Œil-Rouge suivait la rive pour se rapprocher de nous le plus possible. Alors il découvrit des pierres de plus grosses dimensions et nous les jeta avec une fureur accrue. Un projectile d’environ cinq livres frappa mon tronc d’arbre d’un coup si violent qu’une vingtaine d’éclisses, fines comme des aiguilles, pénétrèrent dans ma jambe. Si j’avais reçu le coup directement, il m’eût certainement tué.

Soudain le courant du fleuve nous emporta et nous nous mîmes à ramer avec un redoublement de vigueur. Notre ennemi fut le premier à s’en apercevoir, car il nous en avertit par un hurlement de triomphe. Aux endroits où le courant se mêlait à l’eau calme, se formaient une série de remous. Pris dans un de ces petits tourbillons, nos troncs d’arbres furent projetés de bout en bout et d’avant en arrière. Cessant de pagayer, nous consacrâmes toute notre énergie à maintenir les