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haine. Notre terreur ne connut pas de bornes ; cette fois-ci nous ne pouvions chercher refuge dans notre caverne à l’entrée étroite, mais les cinq ou six mètres d’élément liquide qui nous séparaient de l’énergumène nous offraient une sécurité provisoire et nous reprîmes courage.

Œil-Rouge, se levant tout droit, se mit à frapper de ses poings sa poitrine velue. Nos deux troncs d’arbre flottaient côte à côte ; assis sur cet esquif, nous abreuvâmes l’autre de moqueries. Tout d’abord, notre rire était feint et teinté de crainte, mais dès que nous fûmes convaincus de l’impuissance d’Œil-Rouge, nous nous en donnâmes à cœur joie. Il éclata de colère et grinça des dents dans sa rage impotente. Notre sécurité imaginaire décuplait notre audace et nous poussait à attiser le courroux de notre adversaire. Il convient d’ajouter que les gens de la horde avaient la vue bien courte.

Brusquement, Œil-Rouge cessa de se frapper la poitrine et de grincer des dents, et, escaladant les troncs d’arbres, atteignit la rive. Aussitôt notre gaieté fit place à la consternation.