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anormal, ils étaient incapables de me comprendre et moi de m’expliquer sans créer entre nous de nouveaux malentendus. Quand circulaient à la ronde des histoires de revenants et de lutins, je me tenais coi. Je souriais à part moi, pensant que mes nuits de frayeurs étaient la réalité même, aussi vraies que la vie elle-même, et non des fumées et des ombres.

Les ogres et les loups-garous ne m’inspiraient aucune terreur. La chute vertigineuse à travers les branches feuillues, les serpents qui m’assaillaient et que j’évitais en bondissant dans une fuite éperdue, les chiens sauvages qui me pourchassaient dans les clairières, voilà ce qui causait ma peur, une peur réelle et concrète et non fille de mon imagination. Les ogres et les loups-garous étaient pour moi d’excellents compagnons de lit comparés à ces terreurs qui tourmentèrent mes nuits durant mon enfance et peuplent encore mes cauchemars à l’époque où j’écris ces lignes.