Page:London - Avant Adam, 1974.djvu/129

Cette page n’a pas encore été corrigée

petits poissons et, au moment opportun, nous plongions rapidement la main dans l’eau pour en prendre. Nous les dévorions sur place, encore tout humides et frétillants, sans nous apercevoir du manque de sel.

Cet endroit devint notre terrain de jeux favori. Chaque jour, nous y passions plusieurs heures, capturant du poisson et nous amusant sur les troncs d’arbres, et c’est là que nous prîmes nos premières leçons de navigation. Un jour qu’Oreille-Pendante dormait étendu sur une souche, une légère brise emporta doucement l’arbre à la dérive et quand je me rendis compte de la situation périlleuse de mon compagnon, il était déjà trop loin pour qu’il pût sauter.

Tout d’abord cet incident me parut comique. Mais je fus saisi aussitôt d’une de ces terreurs subites si communes en cet âge de perpétuelle insécurité, et je fus épouvanté de la propre solitude où j’allais me trouver. Prenant conscience du danger que courait Oreille-Pendante sur cet élément hostile, je l’appelai de toutes mes forces. Il s’éveilla, effrayé, s’agita maladroitement et le tronc