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aussitôt des cris de frayeur et des appels affolés parmi les arbres. Moi aussi je tremble, car je suis un de ces pauvres êtres qui frissonnent et hurlent de peur sous les feuilles.

À la vue du fauve, impuissant derrière les barreaux de sa cage, je ne pus contenir ma colère. Je lui montrai les dents, dansai devant sa prison, en poussant des cris incohérents accompagnés de mimique grotesque. Il répondit en se ruant contre les barreaux et en rugissant vers moi de rage impotente. Ah ! lui aussi me reconnaissait. Mes cris étaient ceux des siècles révolus, et il les comprenait.

Mes parents étaient effrayés.

— Ce petit est malade, dit ma mère.

— Il souffre d’une crise de nerfs, ajouta mon père.

Je ne leur révélai jamais la vérité et ils l’ignorent encore. J’observais une discrétion absolue sur ma dualité, ce dédoublement de ma personnalité, comme je crois à juste titre pouvoir désigner ce phénomène.

Après le charmeur de serpents, ce fut tout ce que je vis du cirque, ce soir-là : on dut me ramener à la maison, nerveux et à bout de