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Rouge, nous arrivent des cris déchirants et un bruit de coups. Il maltraite sa femme.

Tout d’abord, un silence terrifié s’abat sur nous. Mais comme les coups et les cris redoublent, dans notre rage impuissante nous nous livrons à un caquetage insensé. Il est clair que les hommes s’indignent de la conduite d’Œil-Rouge, mais ils ont trop peur de lui. Les coups cessent, les plaintes se taisent, tandis que nous bavardons entre nous, et que le triste crépuscule enveloppe la tribu.

Nous autres, pour qui tout est d’ordinaire sujet à plaisanteries, ne rions jamais lorsque Œil-Rouge bat sa femme. Nous en connaissons trop les suites tragiques. Plus d’un matin, au pied de la falaise, nous avons relevé le corps mutilé de la dernière femme de cet échappé de l’enfer. Une fois morte, il la jetait simplement par l’ouverture de sa caverne. Jamais il ne les enterrait, laissant à la horde le soin d’emporter les cadavres qui, autrement, eussent infecté les alentours. D’ordinaire, nous les lancions dans le cours d’eau, en aval de la dernière crique où nous allions boire.