Page:Lombard - L'Agonie.djvu/12

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

triclinium de riche Romain ; il sait jusqu’au nom de l’étoffe précieuse qui cache mal la nudité frénétique des femmes et des éphèbes ; il ne vous fait grâce d’aucun document, d’aucune reconstitution caractéristique. Mais dans le savant, qui revit curieusement toute une époque plastique, il y a un penseur profond, qui observe, explique les passions humaines, dans le recul, pourtant si incertain, de l’histoire, et qui sait les contemporaniser sous l’armure dorée des soldats byzantins et la robe traînante des asiatiques, prêtres du soleil, adorateurs de la Pierre noire. Et combien l’on regrette que ce visionnaire, qui lit leurs secrets sur les pierres effacées des temples, aussi bien que dans le cœur des hommes, n’ait pu achever l’Affamée, ce livre social, où il aurait fixé, avec des couleurs terribles, l’histoire de notre époque, comme il a fixé celle de la Rome décadente.

Lombard, on peut le dire, est mort de la misère et des difficultés des débuts. Il souffrait d’une gastrite ; un refroidissement est venu, et l’a emporté ! Il était miné par la lutte, par le travail ; le corps trop frêle, pour une âme si ardente, n’a pu suppor-