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vants de la divinité. Tout le monde, le roi, un prêtre, un simple homme pouvait prétendre à l’inspiration ; il la manifestait par un prodige. Dès lors, il était considéré comme un Dieu ; sa parole était sacrée, nul n’y contredisait, pas même le roi. Devant lui s’accomplissait, s’il y avait lieu, quelque sacrifice. Les prophètes ne formaient pas une caste organisée. L’inspiration pouvait cesser soudainement comme elle était venue.

Nous avons dit que les fonctions du prêtre étaient de dire les prières, de présenter les offrandes et d’offrir les sacrifices. C’étaient là les seuls actes du culte tahitien accomplis dans le marae.

Les prières se disaient lentement et gravement. Le prêtre avait alors un genou à terre, ou bien il était assis, les jambes croisées sur une large pierre, faisant face à l’autel.

Les victimes étaient choisies parmi les teoulous ; quand le roi n’osait pas la désigner, il la faisait choisir par un chef de district à qui il envoyait une petite pierre noire. Le choix de la victime arrêté, pendant la nuit on entourait sa maison ; puis on l’appelait et à peine était-elle apparue qu’elle était assommée.

D’autres fois, rapporte Lesson, la victime n’était pas immédiatement assommée ; mais alors, devinant son sort, elle se résignait à la volonté des dieux et attendait avec calme le coup qui devait lui donner la mort. Et quand on croyait que les dieux voulaient une offrande plus précieuse, la victime était attachée à un arbre du marae et frappée avec un bâton pointu jusqu’à ce qu’elle expirât