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présentaient les victimes. Ces images s’appellaient taos.

Il y avait à Tahiti un grand nombre de maraes. Non seulement il y en avait un pour chaque district ; mais encore pour chaque famille. Celui de l’Arii-rahi était des plus beaux. Le plus ancien marae était celui d’Opoa, dans l’île de Raïatea. Cette île était le grand centre religieux de l’archipel. C’est dans les maraes qu’officiaient les prêtres, les prophètes et les areoïs.

Les prêtres étaient les intermédiaires entre les dieux et les hommes. Leur personne était sacrée, leur pouvoir égal à celui du roi, leur charge héréditaire. Leurs fonctions consistaient à annoncer la volonté des dieux, à prononcer les prières importantes, à présenter les offrandes, offrir les sacrifices et à tirer les augures. Ils annonçaient quand les dieux voulaient une victime ; mais le choix de la victime était fait par le roi.

Les prêtres pouvaient toujours entrer dans les maraes. L’un d’eux, le grand prêtre, était chargé des cérémonies principales comme le sacre d’un roi.

Dans le personnel du culte, il y avait aussi l’orero ou prêcheur. Il devait avoir des poumons infatigables et une mémoire à toute épreuve. Il était, dit de Bovis[1], le livre vivant de la religion, de la tradition, des chants sacrés. Il devait débiter tout, cela devant le marae, au milieu d’une foule immense, sans hésiter, avec une volubilité étonnante.

Les prophètes ou inspirés étaient les représentants vi-

  1. De Bovis, État de la société tahitienne avant l’arrivée des Européens.