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porte encore le récit d’un déluge tahitien correspondant à peu près au récit sacré[1].

Les Tahitiens croyaient que quelque chose survivait au corps ; ils le nommaient varoua (esprit). Ce varoua existait aussi chez les animaux et chez les plantes, ce qui était conforme à leur système panthéiste. Après la mort, le varoua retournait dans la pô (nuit). C’était leur empire des morts. Mais auparavant, l’âme des hommes se rendait en un lieu où avait lieu une espèce de jugement très arbitraire. La punition consistait à avoir la chair grattée sur tous les os. Ce châtiment purifiait les âmes et les faisait rentrer dans les ténèbres (pô).

Les Tahitiens avaient aussi un ciel (Roboutou-noanoa), mais seules les âmes des chefs et des areoïs pouvaient y avoir accès. Ceux qui avaient fait de nombreuses offrandes aux dieux et de nombreux présents aux chefs pouvaient y être transportés par les effets des prières des prêtres.

Les crimes qui entraînaient punition après cette vie, savoir, la non observance des prescriptions sacrées et le mépris des dieux, étaient rares. On les expiait dans une sorte d’enfer. On considérait comme des châtiments des dieux les maux dont on était frappé sur la terre.

Les dieux étaient en nombre infini, on les distinguait en Atouas et en Oromatouas, Les atouas étaient les grands dieux, ils habitaient les sept cieux. Ils étaient tous fils ou petits fils de Taaroa. Leurs noms : Oro, Tane, Raa, Roo, etc. Ces dieux se mêlaient aux actions des hommes, et pou-

  1. Id., p. 386.