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« Venez, vous qui devez former cette terre. Il les presse, mais ces matières ne veulent pas s’unir. Alors, de sa main droite, il lance les sept cieux et la lumière est créée. Le Dieu reste ravi en extase, devant l’immensité. L’immobilité a cessé, le mouvement existe... Les cieux tournent, les cieux se sont élevés, la mer remplit ses profondeurs, l’univers est créé. »

Vient ensuite la naissance des dieux et des hommes. La mer, l’air et la terre sont personnifiés et Taaora s’unissant à eux engendre tour à tour : le jour, la nuit, les nuages, la pluie, l’arc-en-ciel, la lune, le soleil, le fort (l’homme) et tout ce qui croît à la surface de la terre. De l’union de Taaora et de Ofeufeumaïteraï, son épouse, sortit Oro, le souverain du monde, et Tane, qui, d’après une tradition, se parait du titre de « mangeur d’hommes ». C’est lui qu’on nourrissait avec les cadavres des victimes.

Ellis, dans ses « Recherches Polynésiennes » rapporte une tradition d’après laquelle Taaroa, après avoir fait le monde, forma un homme avec de la terre rouge. Puis pendant un sommeil de l’homme, il en tira un os dont il fit la femme[1]. Mais Ellis émet quelque soupçon sur l’authenticité de cette tradition. Il est plus probable que l’homme, comme le rapporte autre part Ellis, est né de l’union de Taaroa avec Hina, la terre. Le premier homme ainsi engendré se serait appelé Tai, la première femme Tü et à leur tour ils auraient engendré un fils Taata, terme, qui avec quelques variantes signifie homme chez les principales peuplades de la Polynésie. Ellis rap-

  1. Ellis. Polynesian researches, vol. I, p. 115.