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gnait en général un grand respect car ils étaient censés tenir leur pouvoir des dieux. Varii-rahi ou roi était surtout honoré comme descendant direct des dieux.

Après eux venaient les raatiras et les tavanas. C’étaient les propriétaires et les cultivateurs, les rentiers et les fermiers. C’était la classe la plus nombreuse et la plus importante. C’est elle qui combattait en temps de guerre. Aussi les rois n’entreprenaient rien sans les consulter. Si les arii fournissaient les prêtres des grands maraes, les raatiras étaient prêtres des temples domestiques.

Au bas de l’échelle se trouvaient les manahounes ou artisans d’un côté, et serviteurs ou esclaves de l’autre. Ces derniers auxquels on réservait le nom de teou-teous étaient moins maltraités que les esclaves de l’antiquité ; ils pouvaient après un certain temps recouvrer leur liberté.

Ces diverses classes ne se mélangeaient point. Jamais un raaiira ne pouvait devenir arii. Elles ne pouvaient s’unir par les liens du mariage. S’il se produisait ainsi uns mésalliance, il fallait accomplir dans un marae une foule de cérémonies de purification.

Mais dans un autre sens la distinction entre ce que nous appellerons la noblesse et le peuple n’apparaissait point. Les hommes du peuple pouvaient parler au roi aussi librement qu’à un de leurs égaux et le roi d’un autre côté jetait quelquefois le filet comme un simple pêcheur.

Les arii avaient droit de vie et de mort sur les teou-teous. C’est parmi eux que l’on choisissait les victimes humaines dont le sang était plus particulièrement agréable aux dieux.

Le roi exerçait sa souveraineté sur l’île entière qui se