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menait dans l’île un messager (vea), paroles irrespectueuses contre les dieux ou les chefs, etc.

Les préliminaires de la guerre étaient les assemblées des raatiras et les cérémonies religieuses à accomplir. Puis les armées allaient à la rencontre l’une de l’autre.

Au moment du combat, on voyait d’abord sortir des rangs des guerriers venant défier d’autres guerriers ennemis. À ces combats singuliers succédait une action générale où jusqu’à épuisement les deux armées luttaient avec acharnement.

Pendant tout le temps que durait la guerre, les prisonniers étaient impitoyablement massacrés, leurs têtes étaient portées en triomphe dans les maraes.

Parfois on les aplatissait avec une massue, et les guerriers vainqueurs portaient ce cadavre aplati en guise de vêtement et couraient à un nouveau combat.

À la conclusion de la paix entre deux arii, il y avait de nouvelles cérémonies et de nouvelles victimes, et en signe de paix, le prêtre prenait deux pavillons et les unissait en présence du dieu de la guerre. Après quoi commençaient des réjouissances qui duraient plusieurs jours et ne finissaient pour ainsi dire qu’à la déclaration d’une nouvelle guerre[1].

État social. — On distinguait à Tahiti trois principales classes de personnes formant la hiérarchie sociale. C’était d’abord les arii (rois et chefs). La race royale et la noblesse formaient la classe des arii ; on leur témoi-

  1. Mœrenhout. Voyage aux îles du grand Océan, Vol. II, chap. I.