canonique. M. Harnack pense que Jésus n’a eu en vue que les individus, et qu’il ne songe pas au cas d’ennemis extérieurs, ni à l’autorité publique intéressée à maintenir l’ordre, à sauvegarder l’existence et le bien-être des citoyens, ni à une nation attaquée injustement [1].
Une telle lacune dans l’enseignement du Christ ne laisserait pas d’être significative. Mais la façon dont le savant auteur interprète les textes manque d’exactitude. Jésus recommande à ses disciples, sans la moindre restriction, d’aimer leurs ennemis et de faire du bien à ceux qui les persécutent, de tendre la joue aux soufflets et d’abandonner la tunique à qui veut prendre le manteau. Ni le persécuteur, ni l’insulteur, ni le voleur n’appartiennent à la société des disciples, et ce n’est pas en prévision de leur conversion possible qu’il est prescrit de les supporter ; c’est toujours en vertu de cette suprême indifférence à l'égard des intérêts humains, qui est la forme historique de l’Evangile. A quoi bon réclamer un droit dans le temps, quand on est si près de
- ↑ P. 65-74.