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pour accommoder à la condition d’un monde qui durait ce qui avait été dit à un monde censé près de finir.

M. Harnack [1] n’entend pas être de ceux qui voient avant tout dans l’Évangile une prédication sociale pour le relèvement des classes opprimées, soit qu’ils l’admirent pour ce motif, soit qu’ils le jugent, au contraire, tout à fait chimérique et impraticable. Il n’est pas davantage avec ceux qui représentent le Christ comme un « conservateur », respectueux de la hiérarchie et des fortunes acquises. Il pense que Jésus, tout en regardant la possession des richesses comme un danger pour l’âme, n’a pas souhaité la pauvreté générale comme fondement du royaume céleste, et qu’il s’est efforcé de combattre la misère et de la faire disparaître. Le Christ n’avait pas à donner et il n’a pas donné le programme économique pour vaincre la pauvreté ; il a fait plus, en indiquant une nouvelle voie sociale dans le précepte de la charité. L’Evangile est socialiste en tant qu’il veut « établir entre les hommes une communauté aussi compréhensive

  1. P. 56-65.