Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/80

Cette page n’a pas encore été corrigée

est personnel est le noyau. Et parce que la notion eschatologique du royaume appartient à la tradition israélite, M. Harnack trouve tout naturel de la considérer comme étant seulement l’écorce de l’Évangile ; la foi au Dieu miséricordieux en serait le noyau, en tant qu’élément original dans l’enseignement du Sauveur.

Une telle conception de l’essentiel et de l’accessoire en matière de croyance évangélique n’est pas acceptable pour le philosophe ni pour l’historien, qui ne peuvent se croire en droit de décider que l’élément traditionnel de l’Evangile est suspect ou garanti par le seul fait qu’il est traditionnel, mais qui doivent seulement examiner l’importance que Jésus lui-même attache aux différents objets ou aux différents aspects de sa doctrine. Or le Christ n’a jamais dit ni laissé entendre que l’ancienne révélation fût moins autorisée que celle dont lui-même était l’organe. Au contraire, il n’avait pas d’autre prétention que d’accomplir la Loi et les Prophètes ; il a voulu sans doute élargir et perfectionner ; mais, en élargissant et perfectionnant, il entendait conserver ; il ne s’est pas présenté comme le