Augustin a dégagé ces idées de leur relation avec la question de la Loi, qui était essentielle pour Paul et qui n’avait plus de signification pour l’Eglise ; il en a tiré un système logique ; il a précisé la notion du péché originel et celle du péché personnel, celle de la grâce et de la nature ; il a interprété en théologien les intuitions et la polémique subtile de l’Apôtre.
Comme les réformateurs ont fait grand cas de la théorie paulinienne et augustinienne de la justification, et que les théologiens libéraux y retrouvent encore facilement leur idée du salut ou de la vie éternelle acquise par la foi au Dieu Père, on n’insiste guère sur ce que le dogme de la grâce n’est pas plus expressément enseigné dans l’Evangile que le dogme christologique. Mais l’on chercherait vainement dans la prédication du Sauveur une doctrine du péché et de la justification. Le royaume des cieux est promis à quiconque fait pénitence, de sorte que le gain de la vie éternelle semble subordonné à deux conditions : une condition implicite, la foi à la miséricorde divine et au royaume annoncé, et une condition explicite, le repentir ; ces conditions du salut, qui est, en fait, proposé