ainsi que M. Harnack paraît l’entendre, que la notion du Logos, ou plus exactement la notion du Verbe incarné, ne domine pas le quatrième Evangile tout entier. Pas un seul verset de l’Évangile johannique n’a été écrit indépendamment de cette influence. Mais l’idée du Logos entre, pour ainsi dire, dans une foi vivante, elle en élargit la formule, et elle-même change de nature ; elle n’est plus une conception purement théorique sur laquelle on appuie des spéculations de même ordre, mais elle devient chrétienne en servant à définir le Christ ; elle est une théologie vécue, mystique, non abstraite, nullement scolastique, tandis que la doctrine des Pères développe le point de vue cosmologique simplement indiqué dans le prologue de Jean.
La théorie paulinienne du salut fut indispensable, à son heure, pour que le christianisme ne restât pas une secte juive, qui aurait été sans avenir. La théorie du Logos incarné fut nécessaire aussi lorsque l’Évangile fut présenté, non seulement aux prosélytes que le judaïsme comptait dans l’empire, mais au monde païen tout entier et à quiconque avait reçu l’éducation