Si grand admirateur qu’il soit de Luther, M. Harnack juge que la réforme protestante a été incomplète en ce qui regarde le dogme. Il y a une foule de problèmes que Luther n’a pas connus et qu’il a pu encore moins résoudre ; « il était par conséquent incapable de séparer le noyau de l’écorce... Non seulement il admit dans l’Evangile les anciens dogmes de la Trinité et des deux natures du Christ..., et il en construisit de nouveaux, mais il ne sut pas, en général, faire de distinction nette entre le dogme et l’Évangile... La conséquence inévitable fut que l’intellectualisme ne fut point détruit, qu’il se forma de nouveau un dogme scolastique, censé nécessaire au salut, et qu’il y eut encore deux classes de chrétiens, ceux qui comprenaient la doctrine, et ceux qui, l’acceptant de ceux qui l’avaient comprise, demeuraient mineurs ». A cet égard, le protestantisme menace de n’être qu’un type inférieur du catholicisme. Que les églises évangéliques prennent garde de se catholiciser ! Pour être vraiment évangéliques, il ne faut pas qu’elles aient une orthodoxie [1].
- ↑ Pp. 182-185.