On ne peut comparer que par métaphore les religieux à une armée ; ce que prêchent les prêtres séculiers et les moines n’est point la politique du pape, même quand il en a une ; ils prêchent d’abord l’Evangile, avec l’interprétation traditionnelle qu’y donne l’Eglise, et le règne qu’ils s’efforcent d’étendre est celui de l’Evangile, non celui du pape en tant qu’il se distinguerait du règne du Christ. Les Jésuites mêmes, qui ont été institués pour défendre l’Eglise romaine contre la réforme protestante et antipapale, ne sont pas des agents politiques, mais des prédicateurs de religion et des éducateurs religieux, quoi que l’on puisse penser de leurs méthodes et de leurs tendances particulières. Le côté politique de cette grande institution qu’est le catholicisme est tout naturellement celui qui frappe le plus les gens du dehors, mais il est tout extérieur et l’on peut dire accessoire. Vu de l’intérieur, l’organisme ecclésiastique est essentiellement d’ordre religieux et n’a d’autre raison d’être que la conservation et la propagation de la religion dans le monde. Bien que tout le développement catholique, lorsqu’on l’observe à la surface, semble tendre uniquement à augmenter
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