la tradition enseignante exerce une influence considérable sur la façon d’entendre la parole divine, et l’effet que l’Evangile écrit produirait, sans cette tradition, sur la masse des fidèles aurait chance d’être à peu près nul ou de n’être pas toujours salutaire. Il y a, dans toutes les communions chrétiennes, un service de l’Évangile qui assure la transmission et l’application de la parole du Maître. L’Église catholique est ce service tel que l’ont fait les siècles, et continué sans interruption depuis l’origine. Pour être identique à la religion de Jésus, elle n’a pas plus besoin de reproduire exactement les formes de l’Évangile galiléen qu’un homme n’a besoin, pour être le même à cinquante ans qu’au jour de sa naissance, de garderies proportions, les traits et toute la manière d’être d’un nouveau-né. Quand on veut s’assurer de l’identité d’un individu, on ne songe pas à le faire rentrer dans son berceau. L’Église d’aujourd’hui ne ressemble ni plus ni moins à la communauté des premiers disciples qu’un homme adulte ne ressemble à l’enfant qu’il a été d’abord. Ce qui fait l’identité de l’Église et de l’homme, ce n’est pas la permanente immobilité des formes extérieures, mais la continuité
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