Vis-à-vis des Églises qui se maintiennent ou se constituent dans les pays occupés par les barbares, et vis-à-vis des nations elles-mêmes, le pape ne se comporte plus seulement comme le juge suprême de toutes les controverses et de toutes les causes ecclésiastiques. Dès la fin du VIIIe siècle, il agit comme dépositaire de la tradition impériale, en transférant à Charlemagne et à ses successeurs le titre des Césars. Au déclin du XIe siècle, il semble que toute autorité lui appartienne, non seulement sur les Eglises particulières, mais encore sur les peuples. Le pape s’est fait éducateur social, tuteur des monarchies, chef de la confédération chrétienne, en même temps qu’il reste et devient de plus en plus le chef de la hiérarchie ecclésiastique, l’arbitre de la foi, le gardien de la discipline, l’évêque de toutes les Eglises. Ses deux rôles ne se distinguent pas l’un de l’autre. Bien que le premier ne lui soit pas conféré directement en vertu d’un principe purement religieux, évangélique et catholique, il s’est trouvé comme renfermé dans le second par l’effet des circonstances.
Dans le chaos où s’était effondré l’empire