consciemment, ils avaient fait de Rome le chef-lieu de l’Evangile ; par là même, sans le vouloir expressément, ils avaient fait de l’Eglise romaine la mère et la reine des Églises du monde entier ; ils laissaient l’héritage de l’apostolat en des mains capables de le faire valoir. La facilité que les évêques de Rome trouvèrent à établir leur prépondérance sur les autres communautés chrétiennes n’est donc pas chose entièrement étrangère aux prévisions des apôtres. La tête de l’empire, censée la tête du monde, devait être aussi, tant que besoin serait,, la tête de la chrétienté universelle. Il n’est pas étonnant que cette idée ne se soit jamais perdue et que le développement chrétien ne lui ait donné que plus de force, en lui ménageant de nouvelles applications. Ce qui est moins étonnant encore, c’est que la conscience de cette prééminence, qui était une charge beaucoup plus qu’un privilège, ait été surtout vivante là où elle avait sa raison d’être et le siège de son action. La nécessité de l’union avec l’Église romaine, union qui impliquait de là part des autres Églises une certaine subordination de droit et de fait, était aussi profondément sentie dans les Églises d’Occident,
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