Ce caractère particulier du catholicisme latin a eu pour effet de modifier grandement les traits qui lui sont communs avec le catholicisme oriental. Ainsi, observe M. Harnack, le principe de tradition est proclamé par l’Eglise romaine comme par l’Église grecque ; mais, quand il gêne, on passe outre, et la tradition, c’est le pape. De même l’orthodoxie : « la politique du pape peut la modifier en fait ; au moyen d’habiles distinctions, maint dogme a changé de sens ; des dogmes nouveaux sont établis, la doctrine est, à beaucoup d’égards, devenue arbitraire. » La tradition du culte n’est pas plus réellement immuable que la tradition doctrinale. Et l’on peut en dire autant de la vie religieuse, l’ancien monachisme s’étant transformé au point de devenir, dans de grandes institutions, « juste le contraire de ce qu’il était. Cette Eglise possède, dans son organisation, une faculté unique de s’adapter au cours historique des choses : elle reste toujours l’ancienne Eglise, ou du moins elle paraît l’être, et elle est toujours nouvelle [1] ».
- ↑ Pp. 159-160.