que l’on avait et que l’on a souvent encore du royaume céleste, on n’avait et l’on n’a qu’une idée aussi vague du Messie ; et comme on a cru sortir des contradictions que l’on trouvait à l'idée du royaume, en niant ce qu’elle a de moins satisfaisant pour l’esprit moderne, à savoir son caractère eschatologique, on a pensé également échapper aux difficultés que présente l'idée messianique, en la supprimant ou en la subordonnant entièrement à l’idée que l'on se faisait du Fils de Dieu.
Le témoignage évangélique paraît, en effet, assez déconcertant. La préoccupation qu’ont les narrateurs, de prouver que Jésus était le Messie, invite tout d’abord le critique à chercher si le point de vue des évangélistes est entièrement conforme à la réalité. En beaucoup de détails, l’intérêt apologétique ou simplement didactique a influencé la rédaction des discours et des faits. Mais cette tendance toute naturelle ne serait pas suspecte si l’attitude même que les récits prêtent au Sauveur ne semblait d’abord inexplicable, Jésus ne s’avouait pas Messie dans sa prédication ; il faisait taire les possédés qui le proclamaient Fils de Dieu ; aussi bien le peuple