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ont servi de modèles à toutes les ménageries qui sont venues immédiatement après eux.

L’expression de ménagerie que nous avons prise, comme titre de cet ouvrage, a été choisie par nous parce que cette expression fut vraiment internationale au XVIIe et au XVIIIe siècles et parce qu’elle est encore employée communément aujourd’hui dans beaucoup de jardins zoologiques étrangers [1] . C’est un vieux mot français qui paraît dater de la fin du XVIe siècle [2] et qui eut d’abord pour signification le gouvernement de la famille, le soin de la maison et de tout ce qui s’y rapporte. Brantôme disait des dames françaises du temps de Charles IX : « On n’osoit entamer [avec elles] aucun propos d’amours, si non que de mesnageries, de leurs jardinages, de leurs chasses et oyseaulx [3] » ; et, à la même époque, La Boëtie ne trouvait pas d’autre mot pour intituler sa traduction française de l'Économie domestique et rurale de Xénophon. On disait encore, dans le même sens, ménage ou mesnage, mais bientôt ce dernier mot resta appliqué au soin intérieur de la maison et celui de ménagerie ne désigna plus qu’un « lieu pour engraisser bestiaux et volailles [4] ». C’est dans la seconde moitié du XVIIe siècle que le mot ménagerie commença à être usité dans le sens actuel. Avant cette époque, il n’y avait pas d’expression particulière pour désigner les logements d’animaux sauvages ; en France, on parlait encore de volières, de viviers, d’hostel ou de maison des lions, de sérail, etc., quand Louis XIV eut l’idée de transformer à Versailles l’ancien ménage ou ménagerie

  1. Comme synonyme de jardin zoologique, à Schönbrunn ; comme désignant seulement la collection d’animaux qui existe dans un parc ou dans un jardin, comme à New-York ou à Chicago par exemple.
  2. Aimar de Ranconnet, le premier lexicographe français, parle bien en effet de mesnage et de mesnagier, mais non de mesnagerie.
  3. T. IX, p. 183.
  4. Diction. de l’Académie, Ire éd., 1684.