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cas, puissamment contribué à l’enfantement de la grande épopée de Dante.

Cette conception, courante encore aujourd’hui, des enfers, l’apocalypse de Pierre n’a pas pu la puiser dans les traditions juives ou chrétiennes : c’est un emprunt aux fables qui circulaient dans le monde païen, en Grèce, en Égypte, à Rome. Il y a bien certains traits qui semblent être d’origine évangélique ou biblique[1], et la liste des crimes punis dans le séjour des damnés a une couleur chrétienne indéniable[2] ; mais l’ensemble du tableau, l’idée

    -normands, Caen, t. III : voy. aussi Ozanam, Les poètes franciscains en Italie au xiiie siècle, etc., 4e éd., Paris, 1870, p. 399 ss. C’est du latin qu’ont été traduites ces « visions de Paul » en langue vulgaire. « Nos deux rédactions latines, dit M. Meyer, dérivent d’un texte grec que nous n’avons pas (ou du moins qui n’a pas été publié, que je sache), mais qui devait être de fort près apparenté à l’ἀποϰάλυψις τοῦ ἁγίου Παύλου (apokalupsis tou hagiou Paulou) publiée par Tischendorf et de laquelle on a aussi une traduction syriaque. » — M. Alessandro d’Ancona signale une version copte de la descente de saint Paul aux enfers (I precursori di Dante, Florence, 1874, p. 44). — Ces renseignements m’ont été obligeamment fournis par M. S. Berger.

  1. Les vers qui ne connaissent pas le sommeil (25. 27) cf. Es. 66, 24 ; Me. 9, 48 ; Sir. 7, 17 ; Judith 16, 17 ; — l’étang brûlant (23. 31) cf. Hén. 100, 9 ; et 10, 6. 13 ; 21, 7-10 ; 18, 11 ; 90, 24 s. etc. ; Mt. 25, 41 ; etc.. ; Apoc. 19, 20 ; 20, 10. 14 s. ; 21, 8 ; — peut-être le trait des blasphémateurs qui se mordent les lèvres (28. 29) cf. Apoc. 16, 10 s.
  2. Il y est question de ceux qui ont mal parlé de la « voie