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rappelle toutes ces ambitions à l’ordre. Cependant, quelle que soit sa décision, son arbitrage sera plus ou moins en faveur de la réaction. Personne ne s’attend à le voir sortir du mystère de sa divinité cachée ; mais il paraît certain qu’il est honteux du rôle humiliant qu’on lui a fait jouer depuis deux cents ans. Ce prince fainéant est loin d’être dépourvu d’intelligence ; il désire montrer au pays qu’il est encore l’arbitre des destinées de l’empire. Beaucoup de Japonais, malgré le respect infini qu’ils conservent pour leur Daïri ou Kenri (noms de deux palais de Miiako), commençaient à le regarder comme un dieu inutile. Il a été dépouillé par degrés de tous ses privilèges. Le dernier qui lui a été retiré est celui de battre monnaie. Le Japonais a, plus qu’aucun autre peuple, l’instinct de la puissance de l’argent, et toute la politique des Taïkongs pourrait se résumer dans ces trois mots : Appauvrir pour régner. Épuiser les Daïmios par des dépenses inutiles, retirer au Micado toutes ses ressources pour le mettre à la merci et sous la tutelle du Taïkong, tel a été le système invariablement suivi par le gouvernement de Jeddo depuis deux cents ans. C’est ce malaise et cet embarras pécuniaire du Micado qui donnent une malheureuse chance de succès à l’extrême gauche de la révolution. Ce parti exploite le nom du Micado et proclame hautement les attributs inviolables de sa souveraineté.

En présence du danger qui menace la dynastie actuelle, le gouvernement établit la loi martiale, décrète l’état de siège, multiplie l’espionnage sous toutes les formes, change à chaque instant ses employés, et montre enfin, par la mobilité incessante de son baromètre politique, qu’il y aura une horrible tempête. Ces vagues pressentiments, ces inquiétudes partout répandues et dont on ne peut assigner la cause, qui