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n’ont nullement fait impression sur les masses. Quel est le petit daïmios qui, entouré de deux mille hommes, les uns armés de piques, d’autres de parapluies et de lanternes, ne se croit pas capable d’anéantir la meilleure armée de l’Europe ?

Le Japonais n’estime et n’aime que la force. Les six-septièmes environ de la population n’ont de respect et de crainte que pour les Deux-Sabres. L’autre septième, c’est-à-dire les Deux-Sabres, ne craint que cette loi de fer, cet ambigu de leur position qui les expose à chaque instant. Il suffit à un Européen résidant au Japon de prendre à son côté quelque chose ressemblant à un sabre pour imprimer un religieux respect à la foule, qui souvent vous insulterait sans ce passeport. Le peuple qui aura l’honneur ou le malheur de donner une leçon d’armes aux Japonais, sera sans contredit le plus honoré et le plus respecté. Voici, en deux mots, quel serait le résultat d’une défaite de la part des Japonais. Les six-septièmes de la population, ou les non-sabrés, plaisanteraient sur leurs samouraï (Deux-Sabres, soldats). Les samouraï, ou les sabrés, exagéreraient la valeur européenne et surtout leur stratégie. On verrait tout-à-coup un enthousiasme extraordinaire pour tout ce qui tient de loin ou de près à la science militaire de la vieille Europe. À Dieu ne plaise que ce résultat fasse naître l’envie d’enseigner l’humilité militaire au Japon !

Vous me pardonnerez cette digression sur le caractère japonais : si le parti extrême se fortifie, vous serez en partie préparé à ces monstrueux exploits.

L’administration a été presque entièrement renouvelée. Vous connaissez déjà l’élection du Go-taï-ro, ou premier ministre extraordinaire. Or, il paraît que le