Page:Lodoïx - Les saints martyrs japonais, 1863.pdf/88

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

a intimé au Chiogong l’ordre de comparaître devant le souverain du Japon avant la fin d’octobre.

Pendant le voyage de Oobara, une seconde pétition a été adressée au Micado par le parti réactionnaire. Pour le fond, elle diffère peu de la première. Cependant sa rédaction, quoique très ambiguë et très travaillée, laisse percer parmi les membres de la Révolution un dissentiment que le premier placet ne permettait pas même de soupçonner. On y distingue trois nuances d’opinion. Le parti extrême demande l’expulsion par la force de l’étranger, la guerre et le massacre immédiat des Barbares. Ces ennemis sont heureusement peu nombreux. Le deuxième parti se contente de limiter le commerce avec l’étranger aux deux ports de Nagasaki et Hakodate. Suivant le troisième parti, qui serait le plus nombreux et le seul influent, le commerce extérieur peut et même doit être libre de toute entrave, mais soumis au contrôle intelligent d’un gouvernement sage, économique et ferme, qu’il est du devoir de l’Empereur de former. Cette opinion est la seule sérieuse, la seule qui aborde la question des vraies réformes. Il est cependant à craindre que l’extrême gauche ne se fortifie et ne vienne à dominer par la force des choses. Le parti moyenne fera jamais prévaloir son sentiment ; triomphât-il pour un temps, son succès aurait vite un terme. Les partisans sérieux des réformes intérieures sont, à mon avis, trop sages et trop raisonnables, et attaquent trop bien les vices du régime actuel, pour qu’on puisse espérer pour eux un succès prochain. Malheureusement, le parti extrême, tout brutal qu’il est, flatte singulièrement les instincts de la nation la plus orgueilleuse qu’il soit possible d’imaginer. On a représenté souvent le Chinois comme l’incarnation de l’orgueil. En effet, l’habitant de l’Empire du Milieu est fier