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n’aime personne, ou qu’il aime en proportion de la crainte qu’on lui inspire. Lorsqu’il n’a rien à craindre, il méprise d’abord, et hait ensuite. Ce qu’il y a de certain, c’est que les Russes sont populaires parmi le peuple. Ils se montrent en tout les bienfaiteurs du peuple ; les secours de la médecine, l’argent distribué libéralement à tous les nécessiteux, une grandeur et une libéralité dans tout ce que la Russie fait ici, préparent, à notre avis, les voies à la conquête la plus légitime qu’il soit possible d’imaginer. Les peuples se donneront à un gouvernement bienfaisant et capable, pour échapper à l’arbitraire d’une autorité égoïste, féroce et inepte.

Le gouvernement japonais, malgré son ignorante inertie, comprend si bien le danger, qu’il a parfois des velléités de modifier son système pour Jeddo. Mais les petits moyens auxquels il a recours n’ont aucune portée et n’empêcheront pas les Russes d’être reçus comme des libérateurs.

Jeddo envoie chaque année des commissaires extraordinaires pour fixer les limites entre les possessions russes et les possessions japonaises. Le Japonais officiel croit sérieusement que des pierres énormes, élevées à grands frais, seront le dernier mot de la politique. Le simple peuple se rit de ces moyens, et n’en continue pas moins à croire qu’il sera Russe dans un avenir très prochain. Qui lui contestera ce droit ?

La Russie s’est assuré le droit d’avoir un port pour l’hivernage de ses vaisseaux. Or, Hakodate est un port excellent et toujours accessible. En deux ou trois jours un vapeur se rend de Hakodate au port de Maye, sur la côte de la Tartarie. On sait que les ports de la ligne que la Russie vient d’ouvrir sur toute la côte de la