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que leur souverain a reçu une puissance d’intelligence exceptionnelle.

En présence de cet avenir plus ou moins incertain, plus ou moins sombre, il semble que tout le monde ait le désir de devenir Russe, mais je présume qu’on ne voudrait l’être que temporairement. La raison de cette influence de la Russie est que son pouvoir est le seul qui progresse en ce pays. À Hakodate, d’où je vous écris, toutes les influences religieuses, scientifiques, politiques, etc., sont dans la main des Russes. Ils ont un établissement magnifique dirigé par M. Goskorisch, consul de Russie, homme très instruit dans la langue et les mœurs du Japon, et d’une capacité peu commune. Il règne ici en maître, beaucoup par son influence personnelle, et aussi un peu par ses navires de guerre, qui stationnent continuellement dans le port. L’établissement russe se compose d’une église, du consulat, d’un magnifique hôpital, d’un presbytère pour les missionnaires, d’une école, d’une maison pour un ou deux docteurs, d’autres maisons pour le secrétaire, le chancelier, un officier de marine attaché au consulat, pour les interprètes, etc. Tandis que le gouvernement japonais veut démolir arbitrairement une maison du malheureux abbé Mermet, sous le prétexte que ce monsieur ne doit pas avoir deux maisons, et qu’un petit coin de terre suffit à son école, à son hôpital, etc., mes heureux voisins obtiennent d’un seul mot des terrains immenses et élèvent une véritable ville à côté du vieux Hakodate.

Il est cependant difficile de deviner si les Russes sont l’objet de la sympathie ou de l’antipathie du gouvernement japonais. Nous dirions, si nous ne craignions pas d’insulter l’humanité, que le Japonais officiel