Page:Lodoïx - Les saints martyrs japonais, 1863.pdf/79

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en plus. Le nerf de la politique européenne n’existe plus. Le ferme et consciencieux M. Alcook, le représentant de la Grande-Bretagne, est parti pour l’Europe. On espère son retour. En attendant, les consuls anglais font des prodiges pour maintenir leur position. Mais en dépit de leurs efforts et de leur habileté, ils sont débordés par la politique rétrograde du gouvernement. Plusieurs verront sans doute dans l’envoi de la dernière ambassade[1] un grand pas de fait vers la civilisation européenne ; ils en espèrent des résultats merveilleux ; permettez-moi de faire tomber immédiatement leur illusion. Je vous ai parlé dans une lettre précédente[2] de la valeur morale, sociale et politique de cette ambassade ; aussi, je n’y reviendrai pas : qu’il me suffise de vous dire que la position des étrangers est plus tendue que jamais : de nouveaux règlements sont venus entraver les rapports des employés du gouvernement avec les étrangers. Aujourd’hui, des formalités sans fin, deux (metsooket) contrôleurs ou espions, sont absolument nécessaires non-seulement pour parler à un étranger, quel qu’il soit, mais même pour recevoir de lui le présent le plus insignifiant. Vous expliquerez sans doute cette mesquine politique par l’étrange position du Taïkong, pressé entre deux partis : celui des mécontents, et la force morale de l’Europe. Cette double pression y est sans doute bien pour quelque chose. Mais elle n’en est pas la cause unique, ni même la cause principale. Tout le monde sait ici que la politique intérieure du gouvernement est encore plus intolérable et intolérée que sa politique extérieure et si l’on s’insurge

  1. L’ambassade japonaise que nous avons vue à Paris dernièrement.
  2. Nous n’avons pas reçu cette lettre. (Note du journaliste.)