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vivants encore dans l’histoire. Mais nos jeunes lecteurs remarqueront qu’à cette époque on ne connaissait même pas la configuration de l’Asie, et l’intérieur des terres était totalement inconnu. On sortait donc de la Méditerranée pour longer les côtes occidentales de l’Afrique et doubler le cap des Tempêtes, mieux nommé aujourd’hui cap de Bonne-Espérance ; puis s’ouvrait un océan immense, aux déchiquetures nombreuses, aux golfes profonds, aux incessants orages, et, quand enfin les courageux navigateurs avaient jeté l’ancre, lorsque le prêtre, s’agenouillant sur le rivage inhospitalier, appelait sur lui la bénédiction de l’Esprit-Saint, il voyait surgir de nouveaux obstacles, plus redoutables que ceux auxquels il venait d’échapper, la haine des hommes mêmes pour qui il sacrifiait et son repos et sa vie.

Si j’appelle votre attention sérieuse sur les détails d’un siècle déjà bien éloigné de nous, c’est à la fois pour faire mieux éclater le mérite des premiers martyrs et constater les progrès dont nous avons à attendre les conséquences les plus précieuses.

L’ignorance de la langue et des usages chez les peuples qu’abordaient nos premiers missionnaires était presque toujours un obstacle long à surmonter ; non-seulement il leur fallait se familiariser avec les naturels ; ceux-ci même trouvaient étranges nos costumes, nos manières de vivre et d’agir. Lorsque l’Apôtre des Indes pénétra au Japon, il fut un objet de ridicule, de mépris même pendant quelques jours. Son inaltérable douceur et ses miracles en triomphèrent rapidement ; mais une force purement humaine fût-elle venue à bout des préjugés les plus enracinés, de l’ignorance absolue de nos coutumes ? Dans la religion chrétienne, un Dieu tout d’amour et de pardon nous tend les