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étant propriétaire de tous les biens, presque tous les crimes se font directement contre ses intérêts.

« On punit de mort les mensonges qui se font devant les magistrats, chose contraire à la défense naturelle. Ce qui n’a point l’apparence d’un crime est là sévèrement puni : par exemple, un homme qui hasarde de l’argent au jeu est puni de mort.

« Il est vrai que le caractère étonnant de ce peuple opiniâtre, capricieux, bizarre, et qui brave tous les périls et tous les malheurs, semble, à première vue, absoudre ses législateurs de l’atrocité de leurs lois. Mais des gens qui naturellement méprisent la mort et s’ouvrent le ventre pour la moindre fantaisie sont-ils corrigés ou arrêtés par la vue continuelle des supplices, et ne s’y familiarisent-ils pas ?

« Les relations nous disent, au sujet de l’éducation des Japonais, qu’il faut traiter les enfants avec douceur parce qu’ils s’obstinent contre les peines ; que les esclaves ne doivent pas être trop rudement traités, parce qu’ils se mettent d’abord en défense. Par l’esprit qui doit régner dans le gouvernement domestique, n’aurait-on pu porter un jugement sur celui d’un gouvernement politique et civil… »

Ces réflexions, jeunes amis, sont peut-être un peu trop philosophiques pour votre âge ; mais le drame palpitant d’intérêt que je vais dérouler à vos yeux exige que vous ayez un aperçu des mœurs étranges d’un peuple que la civilisation tend chaque jour à rapprocher de nous.

Savez-vous pourquoi le christianisme eut tant de peine à s’implanter au Japon, pourquoi la persécution s’y montra inexorable ? Le voici :