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d’eux, gâtèrent tout. L’âme ombrageuse du Saogun craignit pour ses états, peut-être aussi pour sa couronne, et dès lors quelle considération pouvait l’arrêter ?

Voici l’époque la plus glorieuse de la chrétienté japonaise ; si la divinité du Christ n’éclata jamais avec plus de splendeur que sur le Calvaire, il est vrai de dire que la puissance fécondante de son sang ne produisit jamais plus de glorieuses victimes.

Un édit proscrit les chrétiens en masse, et de même que, seize siècles auparavant, le dénombrement des enfants innocents de la Judée avait déterminé leur massacre, ainsi les listes fatales, dressées par l’ordre de Taïco-Sama, envoyaient au supplice, sans enquête, sans distinction d’âge, ni de sexe, ni de condition, tous ceux qui fréquentaient les églises catholiques. Elles furent longues à clore les tables funèbres ! Eh bien ! toutes les prévisions étaient surpassées ; à mesure que fauchait la mort, des épis tombés naissaient de nouveaux épis : c’était à lasser le bourreau.

Je ne sais, mes jeunes lecteurs, si je dois reproduire à vos yeux un de ces épisodes sanglants que nous a conservés la tradition, et dont la relation subsiste encore dans les livres miraculeusement sauvés des missionnaires japonais. Écoutez, voici la liste des vingt-six martyrs :

Le Père Paul Miki, prédicateur aussi intrépide qu’entraînant ; Diego Kisaï, portier ; Jean de Gotto, catéchiste, tous trois japonais ; le Père Pierre Baptiste, le Père Martin d’Aguirre ou de l’Ascension, le Père François Blanco, Philippe de Las-Cases, Gonzalès Garcia et François de Saint-Michel, de l’ordre des franciscains ;