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Taïco Sama n’a que des passions ; ce sont ses passions qu’on attaque, il vient se heurter contre la vertu sublime inconnue aux religions anciennes, le respect de la vierge et de sa volonté. Dès lors, vaincu par le christianisme, étonné de trouver une résistance indomptable où il espérait une reconnaissance sans bornes, le Saogun se prépare à la vengeance. Ignorant le juste et l’injuste, il voit une doctrine nouvelle au nom de laquelle on lui résiste ; c’est contre elle qu’il va sévir. Le titre de chrétien suffira.

Voici un nom célèbre dans les fastes de cette persécution glorieuse ; Justin Ucondom était généralissime de l’empereur, et lui avait rendu d’importants services. Sur lui tombera tout d’abord l’aveugle colère du Saogun. On le disgracie, on l’exile en le privant de toutes ses dignités, et rien ne l’émeut, parce qu’il avait appris de l’Évangile une vertu que les païens appelèrent du nom superbe de stoïcisme, et les disciples du Christ de celui si doux de résignation. Cet essai de la tyrannie, néanmoins n’arrêta pas encore les progrès de la civilisation catholique ; je renonce à vous peindre les efforts des missionnaires, leur union, quoiqu’on ait essayé de nous les montrer rivaux les uns des autres, suivant leur ordre ; il y eut une abnégation, une audace sainte, dont la charité seule est capable. Donnez votre âme à Dieu, disent-ils, et rendez à César ce qui lui appartient.

Le supérieur des jésuites, Coïglio reçoit l’ordre de quitter le Japon avec tous ses coopérateurs et de gagner les Indes avant six mois. Quels regrets ne dut-il pas éprouver en songeant que cette laborieuse campagne devenait inutile que dans quelques jours sans doute la ferveur s’éteindrait dans le sang, et les néophytes,