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lointaines qu’ils venaient de visiter et le bienveillant accueil de leurs frères romains, ainsi qu’ils appelaient les catholiques. Mais la relation du pèlerinage ne pouvait déjà plus se faire en plein soleil, les réunions étaient défendues, les nombreux adeptes de la religion nouvelle proscrits ou persécutés.

Taïco-Sama était monté sur le trône. Malgré ses cruautés, il est resté dans l’histoire japonaise, comme une des grandes figures de son époque. Tour-à-tour bûcheron et valet, il sut profiter d’une révolte de cour pour s’asseoir sur le trône de Nobunenga, son maître. Le Daïri, écrasé par ce triomphe étrange, hors d’état de lutter contre la nature sanguinaire du nouveau Saogun, fut réduit à une obéissance passive, et Taïco, dont l’esprit soupçonneux croyait deviner derrière la croix la bannière de l’invasion portugaise, se déclara contre les missions et les peuples de ses états déjà baptisés. Dieu donna des signes de sa colère, regardés comme un triste présage par les nouveaux convertis ; toutefois les Pères avaient, dans leur sagesse, fait pressentir les menaçantes éventualités qui se préparaient de toutes parts, et les phénomènes célestes ne troublèrent en rien la fermeté de leurs disciples.

Écoutez :

« Le 22 juillet 1596, dit Solier dans son histoire du Japon, tomba quantité de cendre, menue comme neige, qui couvrit les arbres et les maisons de Méaco, et dans les villes de Sacaï et d’Osaca plut du sable fin, puis des cheveux blancs. À Osaca, le 4 septembre, un tremblement de terre jeta bas toutes les superbes constructions de Taïco, opprimant six cents personnes ; de même à Méaco le lendemain ; et l’abattis des maisons fut si grand qu’il y mourut soixante-douze