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raison la prééminence des Chinois et professent à l’égard de ce pays une espèce de vénération. Le saint homme crut donc qu’en faisant accepter le christianisme dans l’Empire du Milieu, il lui serait plus facile de l’introduire dans l’Archipel. Il régla donc les affaires de l’Église naissante, résilia ses pouvoirs entre les mains du Père Torrez, et partit pour Canton. Dieu sans doute le trouvait mûr pour le ciel, et après tant de labeurs voulut lui éviter des fatigues nouvelles, car il tomba malade dans l’île de Sancian, et, comme le législateur des Hébreux, mourut en vue de la terre promise. C’était le 2 décembre 1552 ; l’Apôtre des Indes comptait à peine 46 ans. Son corps fut transporté à Goa.

À dater de cette époque, commence au Japon l’une des persécutions les plus terribles qui aient éprouvé la chrétienté.

On comptait au Japon quatre communautés catholiques, donnant l’exemple d’une piété, d’une charité dans laquelle les néophytes semblaient rivaliser de zèle, s’exerçant aussi bien envers les idolâtres qu’entre les corréligionnaires : l’île de Firando, les royaumes de Saxuma et de Bungo dans le Kiu-Siu, et, dans la grande île de Niphon, le royaume presque entier d’Amanguchi.

Aux Pères Torrez et Fernandez, à Paul de Sainte-Foi, vinrent se joindre Balthazar Gago, Édouard de Sylva et Pierre d’Alcaceva, envoyés, pendant sa maladie, par François Xavier lui-même. Il serait trop long d’énumérer ici les conversions rapides opérées en quelques mois par les missionnaires dans toutes les classes de la société ; j’ai hâte d’arriver au sublime et déchirant tableau que nous offrira, dans quelques