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les ténèbres de l’idolâtrie au sein des Empires les plus peuplés, les mieux civilisés du monde, où chacune de nos monarchies ne vaudrait pas une province. Et dans ce séminaire lointain de saint Paul ou de la foi d’où sortent les valeureux athlètes de nos saintes croyançes, voyez ces trois hommes à genoux, le maître et les serviteurs, puissants chez eux, s’humiliant au nom du Christ, Dieu qui renverse leurs dieux, condamne leurs passions et leur promet des tortures pour récompense sur la terre… Puis, dans sa placidité vénérable, mais le cœur tressaillant de joie, Jean l’archevêque, il ne se souvient plus de son nom dans le monde, versant l’eau régénératrice sur la tête de ces hommes qui vont être des chrétiens ; autour d’eux une assemblée nombreuse et recueillie, qui n’attend qu’un instant pour les presser contre leur cœur et les nommer leurs frères. Quel tableau !

Anger prit, en souvenir de l’édifice où il avait été baptisé, le double nom de Paul de la Foi. Nous allons à ce sujet transcrire une lettre de saint François Xavier à son supérieur, saint Ignace de Loyola, à Rome ; elle est datée du 14 janvier 1549.

« Paul de Sainte-Foi, dit-il, vous envoie une assez longue lettre. En huit mois, il a bien appris à lire, à écrire et à parler portugais. Je suis décidé à aller tout droit trouver l’Empereur du Japon, à me présenter ensuite au milieu de leurs académies, de leurs universités, où j’espère faire triompher l’Évangile. Une fois que je me serai fixé au milieu de ce peuple, je vous instruirai de ses mœurs, de sa littérature, de sa religion, de son gouvernement. Je ferai plus : je donnerai tous ces détails à l’université de Paris, afin qu’elle les communique à toutes les universités de