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nourrir tous ses enfants, les envoie de tous côtés : chaque année, vers le mois de janvier, des milliers abordent à Singapour, à Malacca, à Pinang, à Rangoon, à Calcutta, à Java et jusque dans l’Australie ; mais, en sortant de la Chine, ils ne quittent que le sol ; ils portent partout le même costume et les mêmes habitudes ; leurs goûts ne changent jamais. Ils n’aiment que ce qui est chinois ; ils n’ont que du mépris pour tout le reste : ainsi ils demeurent Chinois dans leurs habits Chinois, dans leur langage, Chinois dans leurs habitations, Chinois dans le boire et dans le manger. Ce peuple, si original dans tout ce qui le concerne, forme encore un étrange contraste avec les autres nations de l’Orient par son industrie, son entente admirable dans le grand et le petit commerce, son amour du jeu et les peines qu’il se donne pour réussir dans ses vues. Grâce à ses soins opiniâtres, les pays les plus sauvages prennent un air de prospérité. C’est lui qui a défriché Pinang, qui a fait sortir de son sol une foule de productions qui ont fait et font encore la richesse et la beauté de l’île. On le trouve partout, sur la montagne comme dans la plaine ; il a abattu d’immenses espaces de forêts, et à la place de ces arbres séculaires il a élevé le muscadier, le giroflier, le garoubier, le caféier, le cocotier, le bananier, etc. ; il multiplie les plantations de bétel et d’indigo. Il s’agit de devenir riche en peu de temps : voilà son but.

Les Chinois commerçants ne sont pas moins habiles que les cultivateurs ; ils trafiquent avec les Européens, et ne leur sont point inférieurs dans l’art de faire fortune ; et c’est à leur industrie persévérante qu’ils doivent de réussir partout. Outre les Chinois, il y a à Pinang un bon nombre de Malabares : ce sont eux qui font le service des banques ; ils sont changeurs,