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innocent, que les crimes lui étaient à peine connus ? Or, dans un district moins peuplé qu’un de nos départements (population moyenne 400 à 500 000 habitants), le chiffre des condamnés à mort varie de 200 à 350. Je n’ai de statistique que pour trois districts qui sont réputés les plus moraux du Japon, Chendaï, Nambou, Elkigen. Sans doute, le code japonais est loin d’être humain, ou plutôt il est parfaitement adapté au sens moral japonais. La loi décrète le crucifiement ou la scie pour ceux qui tuent leurs parents où leurs maîtres ; le bûcher pour les incendiaires ; la peine de mort pour tout vol excédant la valeur de 100 francs. Sur ce dernier point, cependant, la loi laisse une grande latitude, et généralement la peine de mort n’est pas appliquée si la valeur n’excède pas 200 francs. Ce n’est point ici le lieu de commenter le code japonais. Je n’ai voulu que confirmer mon assertion, c’est-à-dire que, malgré un code des plus sévères, les crimes sont plus nombreux au Japon que dans beaucoup d’autres pays. Les détails que j’espère pouvoir vous donner plus tard sur ces divers sujets vous édifieront complètement sur ce peuple modèle. Cependant, je ne veux pas terminer cette lettre sans vous exprimer mon étonnement pour les grosses erreurs qui s’accréditent chaque jour sur le Japon dans le public européen. Tout homme qui connaît un peu le Japon rira de la plupart des articles publiés sur le Daï-Nippon pendant le séjour de l’ambassade japonaise. Quelques-uns paraissent n’être qu’un jeu d’esprit.

Deux espèces d’auteurs ont écrit sur le Japon depuis deux cents ans environ, les Hollandais et les Allemands, puis leurs commentateurs, qui ont cherché à les compléter. Parmi les premiers, quelques-uns étaient doués d’un grand talent d’observation ; mais ils étaient