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celui qui le fait mentir ex professo, et le livre scellé des sept sceaux sera immédiatement ouvert. Nous ne voudrions pas assurer que quelques rares natures ne soient point rebelles au remède, mais une série d’expériences faites sur une grande échelle en démontre l’efficacité.

L’échec que subit en ce moment le parti de l’insurrection est une preuve de plus de l’omnipotence du Micado et des erreurs qu’une certaine classe de marchands et de touristes ont accumulées sur son compte avant et depuis l’ouverture des traités. Il nous a toujours été représenté comme une espèce de dieu, un peu fabuleux, flatté, orné comme une statue devant servir d’ornement pour le pays. Quelles fables n’a-t-on pas débitées sur son compte, sur sa manière de vivre, sur ses habitudes ! Il a été convenu de l’appeler empereur spirituel (nom qui ne peut lui convenir dans aucun sens) ; on se figure un chef de bonzes, un régulateur des rites religieux, un pontife extraordinaire, c’est-à-dire tout autre chose que ce qu’il est en réalité. Appelez-le un souverain indolent, comparez-le à nos rois fainéants, et vous aurez une partie de la vérité. C’est, en effet, pour avoir voulu imiter l’indolence, le luxe et la pompe des empereurs de la Chine, que les souverains du Japon finirent par se réduire à cette honteuse inaction, qui leur fit abandonner l’administration du pays comme quelque chose de trop indigne d’occuper un descendant des dieux. Comme tous les imitateurs serviles, ils exagérèrent et dépassèrent de beaucoup la paresse des potentats chinois. Cependant ils ont conservé en entier le pouvoir législatif, le pouvoir d’élire et de casser les Chogoons et les Daïmios. Aucune mesure importante, aucune loi d’un intérêt général ne sauraient passer sans la sanction du Micado ;