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Un silence éloquent règne entre eux : on devinerait sans peine qu’une séparation se prépare, longue, éternelle peut-être.

Ils touchent au rivage, l’heure des adieux a sonné, le navire se balance mollement dans le port, et les deux amis s’embrassent comme s’ils ne devaient plus se revoir ; et, tandis que le jeune jésuite descend dans la chaloupe qui doit le conduire à bord, le vieillard essuie une larme furtive du revers de sa main, et n’ose pas se retourner de peur de pleurer encore.

Où va-t-il ? Il ne reviendra pas.

Il était né le 7 avril 1506 dans un château, voisin de Pampelune, au royaume de Navarre. Dom Jean de Jasso, son père, était conseiller d’état et très estimé du roi Jean d’Albret. Tandis que ses frères courent après la gloire des camps, lui cherche, dans les sciences, les mystères de la nature et de la sagesse humaine ; mais Dieu n’a point encore parlé à son cœur.

Nous le retrouvons à Paris, au moment où les doctrines de Luther se répandaient au sein de l’université dont il faisait partie. Professeur au collège de Beauvais, il loge à Sainte-Barbe et rencontre Ignace de Loyola, qui n’eut pas de peine à sauver de l’erreur une âme naturellement droite, un esprit que les novateurs avaient pu séduire sans le corrompre.

Quel sera cet homme ? l’apôtre des Indes et du Japon, l’Évangéliste des contrées barbares de l’extrême Asie, le plus fécond ouvrier de la vigne du Seigneur : François Xavier.

Ne trouvez-vous pas que ce serait une folle entreprise, si elle n’était divine et providentielle, que celle-là ? Voici un homme à qui tout doit sourire, héritier d’un