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De la Diviſion des Sciences. Liv. IV.

fort aſſuré, nous avons beſoin de ſignes de nos Idées pour pouvoir nous entre-communiquer nos penſées auſſi bien que pour les enregîtrer pour notre propre uſage. Les ſignes que les hommes ont trouvé les plus commodes & dont ils ont fait par conſéquent un uſage plus général ; ce ſont les ſons articulez. C’eſt pourquoi la conſideration des Idées & des Mots, entant qu’ils ſont les grands Inſtrumens de la Connoiſſance, fait une partie aſſez importante de leurs contemplations, s’ils veulent enviſager la connoiſſance humaine dans toute ſon étenduë. Et peut-être que ſi l’on conſideroit diſtinctement & avec tout le ſoin poſſible cette derniére eſpèce de Science qui roule ſur les Idées & les Mots, elle produiroit une Logique & une Critique différentes de celles qu’on a vûës juſqu’à préſent.

§. 5.C’eſt là la prémiére diviſion des Objets de notre Connoiſſance. Voilà, ce me ſemble, la prémiére, la plus générale, & la plus naturelle diviſion des Objets de notre Entendement. Car l’Homme ne peut appliquer ſes penſées, qu’A la contemplation des choſes mêmes, pour découvrir la Vérité ; ou Aux choſes qui ſont en ſa puiſſance, c’eſt-à-dire, à ſes propres actions, pour parvenir à ſes fins ; ou Aux ſignes dont l’Eſprit ſe ſert dans l’une & l’autre de ces recherches, & dans le juſte arrangement de ces ſignes mêmes, pour s’inſtruire plus nettement lui-même. Or comme ces trois articles, (je veux dire les Choſes entant qu’elles peuvent être connuës en elles-mêmes, les Actions entant qu’elles dépendent de nous par rapport à notre Bonheur, & l’uſage légitime des ſignes pour parvenir à la Connoiſſance) ſont tout-à-fait différens, il me ſemble auſſi que ce ſont comme trois grandes Provinces dans le Monde Intellectuel, entiérement ſeparées & diſtinctes l’une de l’autre.

FIN du Quatriéme & Dernier Livre.