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ESSAI
PHILOSOPHIQUE
CONCERNANT
L’ENTENDEMENT HUMAIN.



LIVRE QUATRIEME.

DE LA CONNOISSANCE.



CHAPITRE I.

De la Connoiſſance en général.


§.1.Toute notre connoiſſance roule ſur nos Idées.
PUisque l’Eſprit n’a point d’autre Objet de ſes penſées & de ſes raiſonnemens que ſes propres Idées qui ſont la ſeule choſe qu’il contemple ou qu’il puiſſe contempler, il eſt évident que ce n’eſt que ſur nos Idées que roule toute notre Connoiſſance.

§. 2.La connoiſſance eſt la perception de la convenance ou de la diſconvenance de deux Idées. Il me ſemble donc que la Connoiſſance n’eſt autre choſe que la perception de la liaiſon & convenance, ou de l’oppoſition & de la diſconvenance qui ſe trouve entre deux de nos Idées. C’eſt, dis-je, en cela ſeul que conſiſte la Connoiſſance. Par-tout où ſe trouve cette perception, il y a de la Connoiſſance ; & où elle n’eſt pas, nous ne ſaurions jamais parvenir à la connoiſſance, quoi que nous puiſſions y trouver ſujet d’imaginer, de conjecturer, ou de croire. Car lorſque nous connoiſſons que le Blanc n’eſt pas le Noir, que faiſons-nous autre choſe qu’appercevoir que ces deux idées ne conviennent point enſemble ? De même, quand nous