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AVIS SUR LA TROISIEME EDITION.

tions avec des Additions très-importantes faites par M. Locke, qu’il me communiqua lui-même, & qui n’ont été imprimées en Anglois qu’après ſa mort, ont mis la Seconde Edition fort au deſſus de la Prémiére, & par conſéquent, de la Reimpreſſion qui en a été faite en 1723. en quelque Ville de Suiſſe qu’on n’a pas voulu nommer dans le Titre. Et voici maintenant une Troisiéme Edition qui ſera lui de beaucoup ſuperieure par les nouveaux avantages qu’elle a sur la ſeconde : car j’ai encore trouvé plusieurs Paſſages qui avoient beſoin d’être ou plus vivement ou plus exactement exprimez, & quelques-uns même où j’avois mal pris la penſée de l’Auteur.

Pour rendre la Seconde Edition plus complette, j’avois d’abord réſolu d’inſerer en leur place des Extraits fidelles de tout ce que M. Locke avoit publié dans ſes Réponſes au Docteur Stillingfleet pour défendre ſon Essai contre les Objections de ce Prélat. Mais en parcourant ces Objections, j’ai trouvé qu’elles ne contenoient rien de ſolide contre cet Ouvrage ; & que les Réponſes de M. Locke tendoient plûtôt à confondre son Antagoniſte qu’à éclaircir ou à confirmer la Doctrine de ſon Livre. J’excepte les Objections du Docteur Stillingfleet contre ce que M. Locke a dit dans ſon Eſſai (Liv. IV. ch. III. §. 6.) qu’on ne ſauroit être aſſuré que Dieu ne peut point donner à certains amas de matiere, diſpoſez comme il le trouve à propos, la Puiſſance d’appercevoir, & de penſer. Comme c’eſt une Question curieuſe, j’ai mis ſous ce Paſſage tout ce que M. Locke a imaginé ſur ce ſujet dans ſa Réponſe au Docteur Stillingfleet. Pour cet effet, j’ai tranſcrit une bonne partie de l’Extrait de cette Réponſe, imprimé dans les Nouvelles de la Republique des Lettres en 1699. Mois d’Octobre, p.363. &c. & Mois de Novembre. p. 497. &c. Et comme j’avois compoſé moi-même cet Extrait, j’y ai changé, corrigé, ajoûté & retranché pluſieurs choſes, après l’avoir comparé de nouveau avec les Pieces Originales d’où je l’avois tiré.

Enfin pour tranſmettre à la Poſterité (ſi ma Traduction peut aller juſque-là) le Caractere de M. Locke tel que je l’ai conçu après avoir paſſé avec lui les ſept derniéres années de ſa vie, je mettrai ici une eſpèce d’Eloge Hiſtorique de cet excellent Homme, que je compoſai peu de temps après ſa mort. Je ſai que mon ſuffrage, confondu avec tant d’autres d’un prix infiniment ſuperieur, ne ſauroit être d’un grand poids. Mais s’il eſt inutile à la gloire de M. Locke, il ſervira du moins à témoigner qu’ayant vu & admiré ſes belles qualitez, je me ſuis fait un plaiſir d’en perpetuer la memoire.